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Yassir est un jeune ex-toxicomane qui nous raconte son histoire et son combat avec la drogue :
Yassir : Notre Seigneur m’a choisi pour faire passer un message aux croyants, et avant les croyants leurs familles. Le drogué n’a pas besoin de la punition des autres, mais plutôt d’un coup de main de la part des autres. Ils ont déjà assez souffert, les dépendants de la drogue.
Allah (SWT) dit : ce qui peut être traduit comme : «
Est-ce que celui qui était mort[1] et que Nous avons ramené à la vie et à qui Nous avons assigné une lumière grâce à laquelle il marche parmi les gens, est pareil à celui qui est dans les ténèbres sans pouvoir en sortir?... » [2]
On peut dire que ce verset reflète parfaitement mon cas aujourd’hui et à l’époque où j’étais souillé par la drogue. Vraiment je me sentais une personne morte, une personne sans rêves, sans avenir, sans objectif, sans valeur, sans principe, sans respect ni pour sa personne, ni pour sa famille ou pour les personnes qui l’entourent.
Je suis l’unique responsable de ce qui m’est arrivé, mais j’aimerais ajouter que ma famille était la principale cause de ma dépendance à la drogue et aussi pour m’avoir sauvé de la drogue. Mon père est mort alors que j’étais encore très petit, j’avais besoin d’aide, d’un guide d’une personne qui m’aide dans mes choix. Mon expérience avec la drogue était très douloureuse. Je me disais toujours que j’étais une personne correcte et bien éduquée avec un objectif pour l’avenir, mais hélas progressivement la drogue a commencé à détruire ma vie.
Dans ma famille on me considérait comme le modèle de la faillite, ma situation au sein de ma famille est devenue un fait accompli, tout le monde était convaincu que j’allais vivre et mourir drogué. J’essayais tout le temps de m’en sortir, je voulais que quelqu’un me tende la main pour me sortir de cette situation, mais je ne pouvais pas, je n’avais pas assez de détermination et de courage. J’étais rejeté par mes frères et sœurs, ma famille, mes amis et toute la société.
A la fin j’ai décidé de demander de l’aide à ma mère, ma mère n’a pas hésité une seconde, elle m’a tout de suite tendu la main et a commencé à m’encourager pour m’en sortir. Et c’est là que mon programme de désintoxication a commencé, et en parallèle mon combat, mes réserves, parfois mes doutes de ne pas être capable d’y arriver. Pour m’en sortir je me suis servi aussi de l’assistance de ma psychologue, qui m’a dit une phrase que jamais je n’oublierai et qui m’a aidé à continuer le combat ; elle m’a dit : « Yassir, je respecte ton combat, ton effort, et ta patience. » Cette phrase a eu un effet magique sur mon parcours de guérison, surtout que je n’ai pas reçu auparavant un mot d’encouragement de la part de quiconque, sauf de ma mère bien sûr, qui bénéficiait d’une patience et d’une espérance incroyable fournie par Allah. Elle me disait toujours que j’étais différent de mes frères et sœurs et que cette différence allait être l’atout qui me permettrait de m’en sortir.
Je sens profondément ce que les jeunes drogués aujourd’hui endurent, car j’ai vécu la même expérience, et de là est née l’idée de participer à un cours destiné aux jeunes désirant aider avec une méthode professionnelle les drogués à s’en sortir.
Amr Khaled : On se demande pourquoi les jeunes cèdent ainsi au piège de la drogue ? Pourquoi cherchent-ils à détruire leur vie par leur propre main ? Il faut absolument éviter cette mauvaise expérience. Dix millions de jeunes sont déjà perdus, et avec eux les soucis et les souffrances de leurs proches. La situation est grave chez les jeunes, je supplie les parents et les amis de tendre la main aux jeunes dépendants de la drogue, pour les tirer hors du puits obscur où se trouvent leurs amis ou proches. Souvenez vous des hadiths de notre Prophète (PB sur lui) : « Quiconque s’occupe du problème de son frère, Allah s’occupera de ses problèmes. » ou encore « Allah vient toujours en aide tant que le serviteur (d’Allah) vient en aide à son frère ». Et : « Qui soulage un croyant d’un poids lourd de la vie de ce monde, Allah le soulagera de l’un des poids de la vie éternelle » Ces 10 millions de jeunes ont forcément, des parents, des amis, des voisins, des proches qui au lieu de pleurer peuvent donner un coup de main aux jeunes désespérés. Le drogué est en réalité un malade, qui a besoin d’attention, d’affection et d’écoute. Il faut s’armer de patience car le processus de sauvetage du danger de la drogue n’est pas simple et nécessite de convaincre la personne d’entamer une cure de désintoxication dans une structure spécialisée.
Notre ami Yassir est guéri car il a eu la chance d’avoir une mère qui lui a tendu la main pour le sortir de la drogue, le convaincre de faire une cure de désintoxication. Il faut signaler ici que la clinique ou Yassir se trouvait a organisé une fête pour fêter la guérison de Yassir, comme un diplômé qui vient d’être récompensé pour ses efforts. Il a même invité ses proches à la fête, ses proches qui ont été surpris car ils ne s’attendaient pas à ce genre de fête qui d’habitude se fait dans les universités ou les instituts de formation après l’obtention du diplôme. Malheureusement cet évènement fut mal considéré par ses proches, ce qui aurait pu être fatal pour lui.
En plus en sortant de l’institut, il est parti entreprendre des cours pour apprendre comment aider les jeunes dépendant de la drogue, les toxicomanes. Il a rejoint un centre pour la préparation des opérateurs qualifiés dans l’orientation et l’aide des jeunes drogués. Il a fait cela car il a souffert, et il ne voulait pas voir d’autres personnes souffrir comme lui. Aujourd’hui Yassir est notre invité et je lui donne la parole pour qu’il se présente aux téléspectateurs.
Yassir : D’abord je tiens à préciser que la décision de venir et de paraître devant les caméras est un devoir pour moi et un honneur, plus important que mon embarras.
Amr Khaled : La souffrance d’être dépendant de la drogue ? Qu’est-ce que tu peux dire aux jeunes qui ne sont pas drogués ? Et enfin que dire à ta mère ?
Yassir :D’abord je commencerai par la première question en racontant un épisode très simple qui m’est arrivé pendant la période où je souffrais de la disparition des effets de la drogue, un épisode qui est encore gravé dans ma mémoire… C’est une situation familiale, ma mère venait de sortir de ma chambre et continuait à prier Allah afin qu’il me libère de la dépendance, à ce moment-là mon petit frère l’entendait et intervenait en disant : pourquoi pries-tu afin qu’Allah l’aide, tu devrais prier pour qu’Allah l’emporte et qu’on s’en débarrasse. Ce fut la chose la plus pénible durant toute l’expérience. Je me souviens d’autres personnes qui ont vécu des souffrances pareilles, mais qui sont morts sans avoir eu la chance d’être aidé par quelqu’un… je me souviens de la mort d’une jeune fille qui m’accompagne toujours, cette fille est morte en plein désert, et son cadavre resta là, et les chiens l’ont dévoré. La fille s’appelait ‘Abeer’. Qu’Allah ait pitié d’elle.
Il n’y a pas plus difficile que d’imaginer les membres de sa propre famille souhaitant sa mort car on est devenu un poids pour eux et qu’ils ne peuvent supporter notre présence et notre problème. Les souffrances sont quotidiennes et différentes, uniquement Allah est au courant de ce que j’ai enduré pendant cette pénible expérience avec la drogue.
Tout ce que je désirais c’est que, quand les gens me voyaient dans cette situation, au lieu de se sentir désolés, ils réagissent en me tendant la main, en descendant dans le puit pour me soulever et me faire sortir de l’obscurité. Ce qui est grave c’est que personne n’a essayé de me tendre vraiment la main. Jusqu’au jour où Allah (SWT) m’envoya mon docteur et ma mère qui m’ont vraiment fait sortir de cette expérience. Remercier par les mots mon docteur et ma mère pour ce qu’elle a fait ne sera jamais suffisant.
Amr Khaled :Donc le soutien de ton docteur a eu un grand impact sur le parcours de ta réhabilitation ?!!
Yassir : Une phrase qu’elle a prononcée a été l’étincelle qui a déclenché ma détermination à m’en sortir. Elle m’avait dit qu’elle respectait mon combat, mon engagement et ma sincérité à guérir. Je dois avouer que je n’étais pas collaborateur au début avec elle. Je lui ai dit que son aide ne serait d’aucune importance car elle ne connaissait pas la drogue et ses effets. Elle m’a tout de suite répondu qu’elle n’allait pas m’apprendre comment prendre la drogue ni comment et où l’acheter, mais qu’elle allait m’apprendre une chose que je ne savais pas faire auparavant ; apprendre à arrêter de prendre de la drogue. Elle a était très convaincante.
Donc je suis entièrement reconnaissant à mon docteur et à ma mère après Allah de la situation où je me trouve maintenant. La liberté dont je jouis en ce moment après 14 ans de toxicomanie. J’en prenais non seulement à cause de la mauvaise fréquentation, mais surtout à cause du manque et du vide dont je souffrais au sein de ma famille, j’avais des besoins que je ne pouvais trouver dans ma famille. Je n’avais pas d’autre solution que d’aller chercher ailleurs par moi-même.
Amr Khaled : Pardon pour l’interruption ! Je m’adresse aux parents… Cet épisode est très important car c’est un épisode qui vient après les épisodes où l’on a parlé des relations enfants et parents, du père ami et de la mère amie. Bien sûr cela ne serait pas logique d’accuser seulement les parents car ils ne sont pas les uniques responsables, mais aussi l’entourage… L’entourage de ces 10 millions de jeunes qui sont perdus et qui attendent que quelqu’un leur tende la main. Que dis-tu Yassir à ces jeunes ?
Yassir : Je dis qu’il y a de l’espoir, je leur dis que la vie est un centre pour le changement… Du moment qu’on est en vie, on peut changer, la chance pour un changement existe toujours. Il n’y a pas d’autres alternatives, devant un drogué il n’existe que la prison, la mort, ou la guérison. Et dans tous les cas il faut que cela en finisse… Donc, une chance de s’en sortir et de choisir la guérison, la liberté et l’indépendance et pas la dépendance est mieux que de finir ses jours un cadavre jeté quelque part à cause de la drogue. Rien dans ce monde n’est gratuit, si on veut la liberté, il faut en payer le prix. Donc il faut participer à un programme de désintoxication et être patient. On ne vit pas notre vie comme en veut… les drogués qui m’entendent en ce moment comprennent et sentent parfaitement ce que je dis, ce n’est pas comme les gens croient, que le toxicomane vit sa vie en rose car il s’en fout et tout pour lui est superficiel. Mais la vérité est qu’il n’existe pas un toxicomane dans le monde qui n’ait pas envie d’arrêter. Chacun de nous un jour avant de succomber à la drogue possédait un rêve, une ambition, un objectif. Tout le monde peut changer, toutes les personnes dépendantes de la drogue peuvent y arriver. Moi j’ai pu et avant moi il y a des gens qui ont pu… Donc l’espoir existe toujours. J’ai arrêté car j’ai vu une autre personne arrêter et je me suis dit, non il ne va pas être mieux que moi, moi aussi je vais y arriver et ma famille aussi assistera à la cérémonie et à la fête le jour où je serais guéri.
Amr Khaled : Qu’Allah te récompense frère Yassir. L’épisode comme vous voyez est plein de messages :
1. I ne faut absolument pas essayer de prendre de la drogue. Jamais de première fois !
2. Evitez les mauvaises fréquentations.
3. Le rôle manqué, absent des parents.
4. L’importance de la croyance en Allah dans notre vie, et ici je m’adresse à ceux qui ont peur de la foi… la foi est une protection, il ne faut surtout pas croire et faire croire aux gens que la foi est une chose qui fait peur. Dix millions de jeunes drogués le sont parce que la foi et la croyance sont absentes.
5. Je dis aux parents : si un jour vous constatez que votre enfant se drogue, il ne faut surtout pas le maltraiter, le repousser, l’isoler. Le respect est le mot clé qui a sauvé Yassir, la miséricorde pour le malade. Il faut le considérer comme un malade ; il ne faut pas s’accuser et se sentir responsable car ainsi on devient aussi des malades et on se retire.
6. Aux jeunes toxicomanes aux 10 millions de drogués, il faut y croire car il y a toujours un espoir.
Yassir : Je veux ajouter un mot…L’origine de la maladie de la dépendance de la drogue est due à des défauts au niveau de la personnalité de la personne exposée à ce danger. Il faut éviter les extrêmes en toutes choses. Par exemple rester tout le jour devant sa PlayStation, jouer pendant toute la journée au foot ou autre. Moi aussi j’étais comme cela. Et tous les gens que je connaissais étaient ainsi. Il ne faut pas avoir honte de s’adresser à un psychologue dès qu’on constate une chose qui n’est pas normale chez son fils. On doit y remédier et faire attention à son comportement, prendre soin de son intelligence, essayer de la développer. Car le problème de la plupart des drogués n’est pas la drogue elle-même, mais les problèmes personnels, familiaux, psychologiques dont ils souffrent. Donc il ne faut pas avoir honte de protéger nos enfants à travers la connaissance, en les emmenant chez un psychologue dès qu’on s’aperçoit qu’une chose manque au niveau de la personnalité.
Amr Khaled : J’aimerais souligner un point très important. Cela fait maintenant quatre ou cinq épisodes que je parle du père ami et du père attentionné, mais les mots de Yassir aujourd’hui ont attiré mon attention sur une chose importante ; le père doit savoir quand être tolérant et quand il doit être sévère et déterminé. Donc laisser un enfant rester des heures entières devant la PlayStation ou devant ses jeux rien que pour avoir la paix est un comportement de notre part très grave.
Je me souviens d’une expérience faite en Amérique où on a réalisé un test sur quarante enfants environ qu’on a séparés en deux groupes. On a essayé de contrôler les désirs des enfants d’un premier groupe, et dans l’autre groupe on a décidé d’exécuter les désirs des enfants tout de suite. Après que les deux groupes d’enfants soient devenus des adultes, on a constaté chez le premier groupe un grand sens du contrôle du désir immédiat et de ces instincts. Personnellement je faisais la même chose avec mon fils qui une fois au restaurant, par exemple, me demandait de boire une boisson pendant les repas. Je lui proposais le double de ce qu’il demandait s’il patientait jusqu'à ce qu’il finisse de manger, mais s’il voulait il pouvait prendre ce qu’il demandait de suite. Il choisissait toujours la première solution car il savait que s’il avait de la patience, il aurait ce qu’il a demandé deux fois comme récompense. Un jour je fus surpris de l’entendre dire cette phrase : ‘Papa est-ce qu’Allah nous donnera le paradis si on sait être patient devant beaucoup de tentations !!’ Je me suis rendu compte que c’était la même idée, que cette idée a un sens très précieux… Allah nous prépare chaque jour à être patient afin d’obtenir le paradis après.
Donc pourquoi ne pas faire la même chose avec nos enfants, essayons de les entraîner à se contrôler, ils ne doivent pas succomber devant n’importe quoi, ils ne doivent pas avoir tout ce qu’ils désirent facilement et à la portée de la main, ils doivent apprendre que chaque chose se mérite.
Un père ne doit ni être trop flexible ni trop dur avec son enfant, il faut éviter de rendre nos enfants capricieux. L’épisode d’aujourd’hui est plein de leçons et de messages très importants. Que la paix et la miséricorde d’Allah vous accompagnent.
[1] Mort: au sens figuré. Allusion ici est faite aux mécréants qui refusent la lumière du Coran.
[2] (AL-AN’AM (LES BESTIAUX) : 122)